Parmi l’émulsion des labels et collectifs qui font renaître les nuits parisiennes, il y en a un que j’apprécie tout particulièrement. Il porte le nom de Cracki Records, il a été fondé en 2009 et a déjà plusieurs grands classiques à son actif.
Né de l’esprit de 4 potes revenant d’un voyage initiatique en Inde, Cracki commence en 2009 par un blog puis par organiser des événements dans des lieux atypiques : friches industrielles, musées, gares désaffectées, et parfois même en pleine forêt ou en pleine rue. Peu importe le format de l’évènement, qu’il soit diurne ou nocturne, en plein air ou en intérieur, Cracki cherche à surprendre par une programmation riche et variée dans des lieux hors du commun. En 2011, le collectif au logo d’éléphant se lance dans l’aventure labelistique et commence à sortir des projets d’artistes proches du collectif. Après avoir organisé des tournées à l’international pour ses artistes, Cracki se lance en 2014 dans un autre projet d’envergure : l’organisation du festival de plein air « Macki Music Festival » en collaboration avec le collectif La Mamie’s. Hétérogène, éclectique mais cohérent, voici un rapide tour d’horizon des artistes signés chez Cracki :
Larcier
La toute première sortie du label à l’éléphant blanc date de 2011 et est signée Larcier. Surnommé par Tsugi, le freluquet à mèche, le producteur bordelais a fait ses premières armes à Lyon, aux côtés du label Dawn Records. Son univers à la fois sombre et charnel navigue constamment entre les styles et puise autant dans la sensualité deep que dans la répétition techno. Il poursuit aujourd’hui sa route aux côtés d’Haydée avec qui il sortira de nouveaux projets sur le label Normal Music. Suite à « Sometimes I See« , la sortie qui a permis de mettre le pied à l’étrier au label Cracki Records en 2011, la reconnaissance fut assez rapide. Élu directement sortie du mois par Tsugi et relayé par XLR8 et Trax, le jeune label ne laissait présager que du bon. Extrait de cet EP avec le titre éponyme :
Isaac Delusion
Dans tout label qui réussit à se faire une place dans ce game infâme, il y a toujours un artiste qui résonne plus que les autres. Pour Cracki Records, c’est Isaac Delusion. Au départ, Isaac Delusion c’est juste un mec avec une belle voix. Ensuite, c’est une découverte de Cracki qui date de 2012 et qui restitue à merveille l’esprit du collectif. Entre dream pop et influences funk, hip hop, le quatuor a su réinventer la pop à la française et ça fait un bien fou ! 3 EPs et 1 album plus tard, le groupe a commencer à conquérir le monde en entamant une tournée américaine, puis indienne, tout en étant programmé au Pitchfork Music Festival, SXSW à Houston et autres Nuits Zébrées de la Radio Nova. Sans transition, je vous propose de jeter une oreille sur la musique d’Isaac Delusion avec un morceau tiré de leur album éponyme sorti le 12 mai 2014 :
Rondenion
Actif depuis 2002 sous son nom d’usage Hirofumi Goto avec lequel il signera un EP sur le label japonais United Sounds Of Blue, il passe une étape en 2005 en se rebaptisant Rondenion. DJ et producteur japonais étant passé par de multiples labels (Rush Hour et Roundabout Sounds), il débarque chez Cracki Records en 2013 avec l’ EP Vâhana, en collaboration avec le frenchie Kicks, un très joli objet dont la vibe se situe entre Chicago et Détroit. Dans ce projet, le producteur se joue de la Funk, de la House et du Garage pour délivrer un track au groove imparable. En voici un bel extrait :
Renart
Après la deep house de Larcier, la dream pop d’Isaac Delusion et la house de Rondenion, Cracki Records fait place à la techno en la présence du dénommé Renart. Vagabondant entre différents labels comme Dawn Records, Versatile ou Fragrant Harbour, le lillois débarque chez Cracki avec un doux EP dub-techno intitulé « Petits Charmes » sorti le 23 avril 2012. Entre house et techno, ce projet a su habilement mettre en avant le côté doux et poétique de la musique électronique. Dernièrement, Renart a ralié le label Dawn Records pour sortir un excellent opus techno décidement très efficace ! Petite présentation sonore du bonhomme avec le morceau « Au Matin, La Mort de l’Astre » :
L’Impératrice
Mais qui se cache derrière ce doux pseudonyme et cet avatar de souveraine coiffée d’une coupe afro-disco ? Ils s’appellent Hagni, Charles, Martin, Tom et David, ils sont tous musiciens et représentent la musique sensuelle, romantique et groovy du label Cracki Records. Inspirés des synthétiseurs Moog, éduqués à la French Touch, influencé par les compositeurs de cinéma comme Michel Legrand, Ennio Morricone ou François de Roubaix, L’Impératrice nous embarque dans un univers oldie, goldie et incroyablement groovy. Au départ, il n’y avait que Charles, puis petit à petit, au fil des EP et concerts donnés, le groupe s’est étoffé pour aboutir à la version live existante actuellement. Musicalement aussi, le groupe a évolué. Au départ n’utilisant aucune voix, ils se sont ravisés dans leur 3ème EP « L’Odyssée » en invitant la chanteuse Jazz répondant au doux prénom de Flore. Entre un Sébastien Tellier et Air, « L’Impératrice, c’est aussi la meuf dont tout le monde est amoureux mais que tu ne peux pas choper, tu vois c’est un peu ce truc insaisissable. C’est beaucoup d’ambiguïté. »
Eliott Litrowski
Enfant des nuits parisiennes ayant trainé ses baskets dès l’âge de 16 ans au Rex et au Pulp pour aller danser sur les sets des Jennifer Cardini, Chloé, Ivan Smagghe et autres ambianceurs de la capitale. Il fait ses premiers pas dans la musique en tant que DJ avant d’être repéré par le collectif Popcorn qui lui soufflera l’idée de se mettre à la production. Ainsi naquit en 2013 « Confusion Totale« , son premier EP. Il se rapprochera ensuite du collectif 75021, organisateurs des fameuses soirées banlieusardes au 6B de St Denis puis enfin de Cracki Records avec qui il sortira l’excellent « Carjacking« , son 2nd opus voguant entre italo-disco-techno. Par surprise, le jeune chien fou sort le 12 décembre 2014 un incroyable remix du morceau Princes de la Ville du 113. Produit à l’origine par DJ Medhi et Manu Key, Eliott Litrowski lui donne ici une seconde jeunesse. C’est le track choisi pour présenter ce nouvel artiste Cracki Records :
Rares sont les labels possédant une ligne artistique aussi large. Ratissant de la techno, de la house, mais aussi de la pop et du funk, Cracki Records fait le pari de la diversité tout en conservant un cohérence remarquable. Formidable usine à projets, le label sait surprendre son public, dénicher les talents et sentir les bons coups avec un nez et un flair certain. Preuve en est avec Isaac Delusion sorti de nul part ou avec Ménage à Trois, side-project des gars de Wu Lyf.
Pour aller plus loin, je ne peux donc que vous encouragez à creuser dans la jolie discographie du label. Enfin, on se donne rendez-vous les 1,2 et 3 juillet prochain pour la prochaine édition du Macki Music Festival.