Le groove et la vibe des années 60 à 80 made in Brooklyn.
Créé en 2001 par Gabriel Roth et Neal Sugarman, Daptone Records est né des cendres du label Desco Records (fondé lui aussi par Gabriel Roth) qui vécu de 1996 à 2000. Basé à Brooklyn, ce label est l’un de ceux qui continue de nos jours encore, à l’heure des bruyantes musiques électroniques, de proposer de magnifiques disques Soul/Funk. Car non, cette scène n’est pas seulement composée d’artistes sorties des années 80, elle est encore bouillonnante et Daptone se charge de la maintenir chaude. Un mot sur Gabriel Roth, ce génial artiste n’est pas seulement le leader du label, il est aussi bassiste, compositeur, producteur et ingénieur-son. C’est d’ailleurs lui qui mixe et masterise, sous le nom de Bosco Mann, la plupart des sorties Daptone. Le label possède ses propres studios, où la plupart des projets sont enregistrés. Ce dernier a la caractéristique de s’effectuer sur des bandes analogiques et non numérique comme il se fait habituellement. Pour la petite histoire, le mythique album Back to Black d’Amy Whinehouse a été enregistré dans ces studios.
Voici donc un tour d’horizon de ce que fait de mieux le label Daptone Records
EL REGO
On commence avec El Rego Et Ses Commandos, groupe formé par Théophile Do-Rego au Bénin en 1963. À l’origine, le groupe s’appelait The Jets, il fut renommé Los Paras en 1964 puis Los Commandos l’année suivant et enfin El Rego et ses Commandos en 1966. Considéré comme l’un des grands-père de la Funk dans son pays, il fait parti de ses gens qui ont oeuvré toute leur vie pour le développement de la musique en Afrique. Pour la petite histoire, Théophile Do-Rego est le propriétaire d’une discothèque à Cotonou, la capitale économique du Bénin, il a joué au Sénégal avant de jouer au sein du Hot Jazz à Porto-Novo puis de l’Harmonie Voltaïque au Burkina Faso. Clairement, on peut dire qu’il a clairement mérité sa place sur la compilation Legends of Benin, réunissant les plus fameux artistes du pays. En 2011, Daptone Records décide de compiler les meilleurs morceaux d’El Rego dans une superbe sortie intitulée sobrement « El Rego » dont voici un extrait :
THE JAMES HUNTER SIX
Dans la veine d’une grande Aretha Franklin, voici The James Hunter Six. Ce groupe composé de 6 membres est mené par James Hunter. Ce bon James né à Colchester en Angleterre puis exilé en Californie est un bluesman vintage, proposant une soul vintage, le tout enregistré dans un studio vintage. Jusqu’ici tout suit une parfaite logique. En 1996, aux côtés du label Ace, il se lance en solo dans le grand bain musical avec un premier album intitulé « … Believe What I Say« . On le retrouve trois ans plus tard chez Ruf Records pour l’opus « Kick It Around » avant de disparaître des radars jusqu’en 2006. Il revient en force avec le joli single « People Gonna Talk » qui sera suivi d’un album du même nom chez Rounder Records. En 2013, James Hunter rejoint l’écurie Daptone et s’entoure de musiciens pour enfin créer The James Hunter Six avec qui il sortira un premier album en 2013 « Minute by Minute« . Nous sommes désormais en 2016 et pour son second album avec son band, James Hunter choisi de continuer sa collaboration avec Daptone Records. Entre Rythm’n Blues, Soul, Jazz et rythmes soft-rock, le sextet insuffle une nouvelle fois, joie et bouffée d’air frais. Voici donc un extrait de « Hold On » album sorti le 5 février dernier chez Daptone Records :
CHARLES BRADLEY
Né à Gainesville en Floride en 1948, Charles Bradley fait partis de ces artistes du label qui n’en finisse plus de conquérir un public de plus en plus large. Armé de sa voix rugueuse et d’une salopette de Soul pleine d’émotion, Charles Bradley nous replonge dans la vibe des années 60/70 de manière magistrale. Influencé par le maître James Brown depuis qu’il l’ait vu perforé à l’Apollo Theatre lors de ses grandes heures, il a du attendre des décennies avant de pouvoir faire éclater à la face du monde son immense talent. Ce dernier passa 20 ans en tant que cuisinier en Californie. À l’âge de 51 ans il se fait enfin repérer par Gabriel Roth alors qu’il chante au Tarheel Lounge, un club de Brooklyn sous le nom de Black Velvet. Le boss du label lui propose d’enregistrer une maquette avec les Sugarman 3. Nous sommes alors en 2002. Charles rencontre alors Dirt Rigle and the Bullets, un groupe de funk influencé par James Brown et les Meters. Ils décident de collaborer et réalisent deux singles sur Daptone Records. Au cours des années suivantes, nous pourrons le retrouver sur le label Dunham aux côtés de Menahan Street Band avec qui il sortira un album « No Time For Dreaming » comprenant notamment le magnifique single « The World (Is Going Up In Flames) » dont vous pourrez trouver le clip ci-dessous. 2013 voit enfin l’arrivée de son premier album solo, « Victim of Love » toujours chez Dunham Records. Charles Bradley renoue enfin avec Daptone Records avec l’arrivée de son nouvel album solo « Changes« , le 1er avril 2016.
THE COCO MAMAS
Jusqu’à présent nous avons parlé de Soul, de Funk et de Jazz. Attaquons désormais à un peu de bon vieux Gospel avec The Como Mamas. Le gospel dans ce qu’il a de plus profond, de plus pur, de plus authentique. Pas besoin de tendre l’oreille. Ce trio originaire de Como Mississipi est composé de trois mamas black aux voix et au groove des plus incroyables. Entre le timbre d’Angela Taylor, les vocalises énergiques de Della Daniels et la voix grinçante d’Ester Mae Smith, The Como Mamas fait jaillir une puissance et une émotion qui va au-delà de la foi religieuse qu’elles peuvent évoquer. Ouais, le talent et la passion, ça doit être comme cela qu’on appelle ce genre de performance. Extrait avec le single Out Of The Wilderness sorti chez Daptone en 2014 :
THE SUGARMAN 3
Voici venu l’heure d’un des groupes les plus emblématiques de l’écurie Daptone. The Sugarman 3, mené par l’incroyable Neal Sugarman est un trio de babtous proposant un retro-funk des plus jouissifs. Complété de Adam Scone et Rudy Albin, The Sugarman 3 remet au goût du jour les plus belles heures du label Blue Note et son groove imparable. Originaires de New-York, le trio a commencé à faire ses armes dès 1996 en sortant leur premier disque « Sugar’s Boogaloo » chez le paternel de Daptone, Desco Records. Si vous avez bien suivi le début de la chronique vous aurez noté que Neil Sugarman est l’un des fondateurs de Daptone avec Gabriel Roth. Après l’opus « Pure Sugar Cane » en 2002 et de nombreuses collaborations avec les excellents Lee Fields et Charles Bradley, leur dernière apparition chez Daptone date de 2006 avec l’album « Soul Donkey » dont voici le morceau éponyme :
SHARON JONES & THE DAP-KINGS
Que dire sur ces derniers artistes, si ce n’est qu’ils sont LE fer de lance du label ? Connus, reconnus et acclamés dans le monde entier, ces artistes-là n’ont plus rien à prouver. Présentons les deux composantes du groupe en quelques mots. Tout d’abord The Dap-Kings, composé de musiciens de The Soul Providers (Philip Lehman & Gabriel Roth, encore lui) et de The Mighty Imperials. Ce supergroupe de musiciens Soul/Funk est né suite à la disparition de Desco Records et la naissance de Daptone. C’est lors d’une séance d’enregistrement de back vocaux que les musiciens firent passé à Sharon Jones qu’ils eurent une véritable révélation quant à sa voix et son timbre de diva. Leur première collaboration date de 2001 avec le single « Got A Thing On My Mind« , s’en suivit l’année suivante l’album « Dap-Dippin With… » puis de cinq albums et nombreux autres singles dont ce merveilleux « This Land Is Your Land » :
Voilà pour ce qui est de Daptone Records. J’ai choisi de mettre en avant ce label suite à une remarque d’un ami qui m’a dit « de toute façon on ne fait plus de soul ou de funk à la James Brown ou Aretha Franklin ». Certes, on en fait beaucoup moins mais il existe toujours des labels et activistes comme Gabriel Roth qui s’entêtent à perpétuer ce style dont en découlent beaucoup d’autres comme le hip hop, le disco ou la house. Et encore, je me suis retenu de vous parler d’Antibalas, de Naomi Shelton ou de The Budos Band, de fameux artistes qui oeuvrent encore et toujours dans l’ombre des grands styles musicaux du moment. Longue vie à Daptone !
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